Le changement climatique et nos émissions de CO2 boostent la croissance des plantes et leur production de pollens, mais rend également ces derniers plus agressifs pour l’humain, d’après les experts.
Le réchauffement climatique va conduire à « une augmentation des quantités de pollen » à l’origine de gênes ou d’allergies respiratoires, avertissent trois réseaux de suivi dans leur bilan annuel publié mardi 19 mars 2019 à l’occasion de la Journée française de l’allergie.
Changement climatique : des pollens plus nombreux et plus agressifs.
Le changement climatique entraîne l’augmentation de la quantité de pollens de plusieurs manières, expliquait l’Inserm en 2015. D’abord, le réchauffement et l’humidité de l’air favorise la production de pollen par les plantes en allongeant la durée de la saison pollinique, et en agrandissant la zone géographique favorable au développement de la plante. Ensuite, ces nouvelles conditions climatiques peuvent aussi entraîner une croissance plus rapide et plus vaste des végétaux, déjà favorisée par l’abondance du CO2 émis par les activités humaines et que les plantes consomment pour vivre.
Enfin, les pollens plus nombreux pourraient aussi être plus agressifs pour l’homme suite au changement climatique. En effet, les orages peuvent provoquer la fragmentation des grains de pollen et libérer des allergènes dans l’air, entraînant une exacerbation des crises d’asthmes liées aux allergies au pollen. De plus, certains polluants de l’air, comme les particules fines produites par la combustion du Diesel, pourraient fragmenter les pollens et agir comme des amplificateurs de la réponse allergène.
Les effets du changement climatique sur les pollens risquent de s’amplifier dans le futur.
« Le réchauffement climatique et la hausse des températures conduisent à une augmentation des quantités de pollen »,selon la fédération des Associations de surveillance de la qualité de l’air (Atmo France), le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) et l’Association des pollinariums sentinelles de France (APSF). Ces trois réseaux de suivi surveillent différents pollens allergisants ainsi que des moisissures allergisantes. « En 2018, ce constat se vérifie puisque le pollen de bouleau enregistre un pic anormal des concentrations durant le mois d’avril », poursuit le rapport. »D’après les simulations faites par le RNSA, les effets du changement climatique sur les pollens risquent de s’amplifier dans le futur ». Pendant l’hiver, des conditions météorologiques froides et pluvieuses ont permis de limiter « la dispersion des pollens de noisetier, aulne et frêne ». En revanche, « un épisode de chaleur exceptionnel en avril a permis aux bouleaux de fleurir dans des conditions très favorables » et « les quantités de ce pollen ont battu tous les records », ce à quoi se sont ajoutés les pollens de platane et de chêne.
La concentration dans l’air du pollen d’ambroisie, très allergisant, pourrait quadrupler en Europe à l’horizon 2050… Et le changement climatique serait responsable des deux tiers de cette augmentation, avait averti l’Inserm dans une exposition de 2015. L’ambroisie à feuilles d’armoise (Ambrosia artemisiifolia), originaire d’Amérique du Nord, a déjà colonisé la Bourgogne, l’Auvergne et la région Rhône-Alpes et son pollen peut provoquer rhinites, conjonctivites, trachéites voire crises d’asthme sévères.
TROIS FOIS PLUS D’ALLERGIES EN 20 ANS. Le nombre d’allergies liées au pollen est en constante augmentation : en France, elles ont triplé en 20 ans, touchant près de 20 % des adolescents et plus de 30 % des adultes, avertissait l’Inserm en 2015. Aujourd’hui, un quart de la population est concerné par des allergies respiratoires, dont 50% à cause du pollen et 10% à cause des moisissures.